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Jacques Réda
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Le nom du son : Une anthologie jazz et poésie
Tom Buron, Franck Médioni
- Le Castor Astral
- Poésie
- 6 Juin 2024
- 9791027803835
- Le nom du son est la première anthologie francophone qui mèle jazz et poésie. Elle réunit plus d'une cinquantaine de textes, souvent inédits, de poètes contemporains mais aussi des plus grands classiques de la littérature du XXe et XXIe siècle: Roberto Bolaño, Robert Desnos, Anne Portugal, Allen Ginsberg, Jack Kerouac, Blaise Cendrars, Edith Azam ou Thomas Vinau. Pour ces auteurs, le jazz est une source d'inspiration inépuisable.
- Cette anthologie est une galerie d'évocations de musiciens des premiers temps du jazz et le tableau vivant de ceux qui l'inventent aujourd'hui. Au fil des pages, les morceaux de Thelonious Monk, Miles Davis, John Coltrane croisent ceux de Charles Mingus ou de Billie Holiday. Le nom du son célèbre la poésie, le jazz et la diversité des voix qui les composent. -
«Vers six heures, l'hiver, volontiers je descends l'avenue à gauche, par les jardins...» Ensuite, de Belleville à Passy, de Montmartre à la Butte-aux-Cailles, d'Antony à Saint-Ouen, il n'y a plus qu'à se laisser guider par les pas et les mots d'un promeneur tour à tour (ou ensemble) nuageux, curieux, inquiet, hilare, furibond, tendre, ahuri, à travers les arrondissements et banlieues de Paris qui éclatent, agonisent ou résistent encore sur leurs secrets. Et puis au-delà, dans les campagnes où le réseau intelligent des rails épouse l'équilibre et les fuites du paysage, vers une petite route de Bretagne, une pâtisserie à Vienne, les ponts de Fribourg. Mais toujours au rythme de la marche ou des trains, imitant le rebond plein d'espoir de la basse ambulante, en jazz, sur bon tempo. Sans cesse on repart, on recommence, cherchant de halte en halte le pourquoi sans réponse, le comment à la fois lyrique et familier de ce mouvement, pareil au monde lui-même qui resurgit sans cesse de ses ruines - où nous passons.
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C'est la question du rythme que pose ce livre. Le rythme, fondamental et atemporel, qui dirige, des atomes aux grandes ?gures astrales, le mouvement de l'univers. Ainsi, bipèdes assurés et assoiffés de savoir, les hommes ont par la danse, profane ou religieuse, célébré leur appartenance réciproque à ce Tout jamais totalement immobile.
Érudit et plein d'humour, le poète-mélomane livre ici de précieuses clefs historiques sur une pratique qui, à chaque époque, a su libérer les corps. Du contre-temps du fox-trot, emblématique du jazz, au tournoiement de la Valse, sans oublier les acrobaties du Hip-hop et les cadences battantes du Rock, il démontre que la danse - comme le vers poétique - est un domaine où le sacré, l'élémentaire et le naturel sont restés perceptibles. Face à l'orgueil d'une espèce qui ne jure désormais que par le progrès scienti?que et les hauts rendements, ces écrits soutiennent ardemment que là, sous chaque pas de danse, résonnent les suprêmes principes de l'existence. -
Ce recueil se compose de 52 poèmes, également répartis en quatre groupes, dont chacun correspond à un petit programme d'exploration des environs de Paris.Tandis que le premier se cantonne encore le long du «parallèle de Vaugirard», le second entraîne le lecteur mois après mois dans une «année à la périphérie», traversant aussi bien Meudon ou Asnières que Montreuil, Créteil ou Pantin. Dans la troisième partie, on suit la ligne d'un autobus qui dessert les communes limitrophes du sud de la capitale. Enfin, avec «Eaux et forêts», on se dirige peu à peu vers la campagne qui survit dans les parcs et les bois, sur les berges des rus et des rivières.Sans prétendre rivaliser avec un guide de promenade, cet ensemble s'efforce néanmoins de réconcilier poésie et documentaire, émotion et topographie, rêverie et précision. C'est pourquoi l'auteur a préféré la forme la plus classique à une imitation rythmique du chaos suburbain qu'il parcourait, et dont son choix vient en somme couronner la juxtaposition de contrastes. Sous la cadence du vers, dans le jeu des rimes non exempt parfois d'ironie ou d'un baroquisme très «banlieusard», on décèlera d'ailleurs la liberté et la souplesse d'un autre mouvement : celui d'une flânerie, déjà présent dans la prose des Ruines de Paris, que Hors les murs complète comme le second volet d'un diptyque.
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«Il est une forêt sans borne où je voudraisM'enfoncer, en mourant, loin de la médecineQui m'impose pour vivre une foule d'extraits Chimiques. J'y prendrais tout doucement racine,Jusqu'au jour où, non moins en douceur, j'entreraisD'abord aussi fragile et fin qu'une houssine,Quitte de mes devoirs et de mes intérêts,Dans l'absence de temps où l'Arbre se dessineSans crayon ni pastel, sanguine ni pinceau.Vite, j'y deviendrais vigoureux arbrisseau.Puis l'artiste inconnu qui conçut la rosée.Et la houle des monts et les yeux des vivantsMe laisserait songer tout au fond du muséeVégétal où, distraits, viennent errer les vents.»
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Lente approche du ciel C'est lui, ce ciel d'hiver illimité, fragile, Où les mots ont la transparence et la délicatesse du givre, Et la peau froide enfin son ancien parfum de forêt, C'est lui qui nous contient, qui est notre exacte demeure. Et nous posons des doigts plus fins sur l'horizon, Dans la cendre bleue des villages. Est-il un seul mur et sa mousse, un seul jardin, Un seul fil du silence où le temps resplendit Avec l'éclat méditatif de la première neige, Est-il un seul caillou qui ne nous soient connus ? Ô juste courbure du ciel, tu réponds à nos coeurs Qui parfois sont limpides. Alors, Celle qui marche à pas légers derrière chaque haie S'approche ; elle est l'approche incessante de l'étendue, Et sa douceur va nous saisir. Mais nous pouvons attendre, Ici, dans la clarté qui déjà nous unit, enveloppés De notre vie ainsi que d'une éblouissante fourrure.
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Le citadin est un petit bulletin périodique, clandestin, fait-main, qui paraît «subrepticement, de temps à autres, dans le XXème arrondissement de Paris» entre 1997 et 2010. Pendant plus de dix ans, Jacques Réda s'amuse à façonner et composer artisanalement les matrices manuscrites de chaque numéro, les tirant à quelques dizaines d'exemplaires et les distribuant à son entourage d'amis poètes, peintres et écrivains. Entre folie fictive et références au réel, ces feuilles confidentielles accueillent poèmes, récits, articles, reportages, chroniques locales, critiques littéraires, gastronomiques et autres. Chaque témoignage de la vie parisienne s'élabore d'un humour subtil et d'une plume que l'on sait terriblement érudite. Celle d'un promeneur qui, en espace urbain comme champêtre et face à l'époque traversée, a su rester attentif aux détails du quotidien, là où la poésie s'insinue. De cette trentaine de numéros, une oeuvre de plus de six cents pages voit le jour.
Réservées à quelques proches et inédites jusqu'ici, notre édition les reproduit intégralement en un fac-similé historique, imprimé sur papiers de couleurs. -
Celle qui vient à pas légers, c'est bien sûr la parole poétique, à la fois proche et insaisissable, étrange et familière, miraculeuse et maudite. Cet ouvrage, publié pour la première fois en 1985, réunit huit textes parus de 1969 à 1982 dans différentes revues dont la NRF. Essais ou poèmes, les deux en même temps, tous abordent de front la nature de la poésie, sa pratique, les joies et les tortures qu'elle occasionne inévitablement. Ils constituent une étape majeure de la ré?exion poétique de Jacques Réda, non seulement sur son oeuvre mais sur celles de ses aînés ou de ses contemporains (la même démarche anime les quatre Livres des reconnaissances).
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Sept familles ? Ce sont celles que Jacques Réda reconnaît ici comme autant de familles d'adoption ou de familles d'accueil : elles auront littérairement nourri et édifié l'auteur de L'Herbe des talus. Sept familles ? Ce sont celles de sept écrivains, plus ou moins de la génération de son propre père, et qu'a connus l'auteur, comme on dit, de leur vivant.
Le directeur de la NRF qu'il fut de 1987 à 1996 est devenu, autant par admiration que par affinité partagée, leur ami et il propose ici, comme une reconnaissance de dette, à la fois de parlants portraits et, pour chacun d'eux, une des poétiques des plus pointues, une esthétique des plus justes qui leur ait jamais été consacrées. Car Jacques Réda -on l'oublie trop souvent si on ne l'ignore pas - est l'un des lecteurs les plus fins qu'a connus la littérature française de notre époque.
Sept familles ? Il s'agit, dans l'ordre alphabétique, de celles de Jean Follain, d'André Frénaud, de Lorand Gaspar, de Jean Grosjean, de Louis Guillaume, de Francis Ponge, de Jean Tardieu - et puisqu'il faut toujours qu'une pièce rapportée élargisse heureusement chaque famille, au risque de faire mentir notre titre : de l'impayable Raymond Queneau.
Les lecteurs auront ainsi la chance de redécouvrir des auteurs essentiels pour la compréhension de l'histoire littéraire de la fin du XXe et du début du XXIe siècle et - clé unique pour la compréhension de son oeuvre- de la bibliothèque intime de Jacques Réda.
Jacques Réda est né le 24 janvier 1929 à Lunéville.
Du même auteur, les éditions Fario ont publié dans la collection Théodore Balmoral, Le Chant du possible, écrire le jazz, en 2021 et avec Alexandre Prieux, Entretien avec Monsieur texte en 2020. -
Jacques Réda, dernière grande plume de sa génération, est fervent partisan des correspondances manuscrites et des envois postaux. Affranchissons-nous avait déjà relevé, dans la rêverie, le plaisir de ces pratiques. L'envoi d'une lettre tenait alors de l'anodin : pressentait-il déjà les changements que le numérique portait en son germe ? Ici Jacques Réda vole au secours de ce patrimoine fait de petits bureaux de province, de timbres trafiqués et de négociations à foison. Son verbe, vengeur et nostalgique, gifle la modernisation du système postal et prône le délice du chaos face à ses rouages cadencés. Un éloge qui ne se cantonne pas aux boîtes aux lettres et qui tente, d'un gai pessimisme, de ramener la société et son monde à la raison, vers l'essentiel et les joies sincères.
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Le chant du possible : Écrire le jazz
Jacques Réda
- Fario
- Théodore Balmoral
- 19 Novembre 2021
- 9791091902793
Le Chant du possible regroupe huit textes sur le jazz à travers lesquels Jacques Réda continue d'explorer, en le précisant, le rapport qu'il entretient au jazz depuis sa jeunesse : elle en fut éclairée.
Le jazz est immédiateté. Si bien que concevoir l'intensité de sa déflagration dans sa spontanéité, dansante la plupart du temps, c'est accéder à la révélation du Temps à un moment donné. Et ce n'est pas rien quand on se sait mortel.
Si le jazz est l'aventure d'une « aptitude rythmique, associée à des dons d'expression harmonico-mélodiques et d'expressivité sonore », bref, l'aventure d'une personnalité qu'elle soit individuelle ou collective, il ne se conçoit pas sans le Swing. Ce swing est la « qualité particulière qui se dégage et ne peut se dégager que d'un rythme à deux ou quatre temps où l'accent se porte sur le temps faible », dont le jazz est inséparable. Il ne l'est pas non plus du Blues dont souvent il découle, empreint alors de tristesse ou de joie, c'est selon, mais jamais « sans sa charge affective et ontologique d'humanité ».
C'est dire qu'on s'y retrouve quand on s'est ou qu'on se sait perdu.
Dans Le Chant du possible, Jacques Réda écrit : « Je me suis constitué, après plus de trois quarts de siècle, un petit trésor de méconnus et d'oubliés où je puise et que j'augmente avec le même intact ravissement. » À côté des grands noms du jazz, c'est ce petit trésor que nous proposons à nos lecteurs de découvrir avec le même ravissement.
Les huit textes portent les titres suivants :
1.Au moment donné, 2. Le Chant du possible, 3. Jabbo Smith, 4. Écrire le jazz, 5. Lester Young ou L'Ironie du saut, 6. Round about Monk, 7. Une actualité permanente, 8. Now's The Time ou Le Temps selon Charlie Parker.
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Mieux que nous ne pourrions le faire, Jacques Réda dé? nit les contours de ce livre dans son émouvante postface : Les quatre Livres des reconnaissances n'ont jamais fait l'objet d'un plan. On ne doit donc pas y voir une sorte d'anthologie un peu plus lacunaire que la plupart des autres, ni même un re ? et de mes seuls goûts personnels. Tous ces textes ont été composés pour ainsi dire par surprise et au hasard d'une relecture ou d'une remémoration.
Elles ont très rarement répondu à un projet d'ailleurs en général assez vague, sinon, dans ce volume même, où, non sans lacunes, j'ai tenté d'évoquer l'évolution du vers français. Après quoi, en effet, c'est la langue française qui, s'éloignant progressivement et naturellement d'elle-même, a obligé le vers, désormais sans structure, à tâtonner, parfois avec brio, vers la langue nouvelle que Rimbaud avait souhaitée et qui, loin d'être une méta-langue poétique, sera peut-être un jour celle qu'aura ? xée le classicisme de nos très lointains descendants.
Autrement dit, ceux que nous appelons "grands poètes" représentent un état particulier de la langue où, de manière aléatoire mais inévitable surgissent, de ce brassage d'ondes, des crêtes si remarquables qu'on leur donne un nom - un nom d'auteur -, comme on en attribue à ces grands accidents de terrain ou à ces formes que revêt l'eau dans les mers, les lacs, les torrents et les ? euves. Mais, de l'une à l'autre région, et malgré de scrupuleux cartographes, on oublie le nom des collines, des gorges et des ruisseaux qui ont contribué à la gloire des Himalaya et des Amazone.
Avec le très remarqué Quel avenir pour la cavalerie ? qui les complète, ces Livres établissent la géographie de la poésie rédasienne, comme ils en forgent la boussole.
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(...) petite phénoménologie dont je me suis proposé de tracer une ébauche au sujet du vêtement. Elle peut paraître à l'excès subjective mais, relevant directement d'une expérience particulière, il me semble qu'elle peut apporter une modeste contribution à une étude plus appronfondie du phénomène.
L'un des buts de cet ouvrage fut de rendre plus prudents, sans qu'ils en prennent ombrage, tous ceux que des accidents - nommément ceux de toilette (Car le sort est sibyllin comme un sphinx et plus malin et plus vif qu'une belette) - risquent de frapper un jour dans leur chair ou dans leur âme : un lacet qui traîne (on court) pourrait provoquer un drame ; une fermeture éclair bâille ou tout à coup se bloque, et vite on vous trouve l'air d'un personnage équivoque. Mais mon thème englobe aussi, plus largement, il me semble, tout ce qui maintient ensemble, pour le dire en raccourci, l'Univers - qui multiplie les accrocs dans son trajet vers le terme qu'il oublie, comme si l'anomalie, part d'un plus vaste projet, en naissant se corrigeait.
De fil en aiguille, il est question de ce qui nous caparaçonne, de ce que la défroque met à nu ou revêt dans ses incarnations.
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La physique amusante Tome 5 ; rythme, chaos, mythologies
Jacques Réda
- Gallimard
- Blanche
- 8 Novembre 2018
- 9782072802546
«Ce livre ne propose aucune théorie. Son auteur n'est pas un savant, Juste un homme incertain qui cherche, inventorie, Dans un territoire mourant, Ses raisons d'être au sein de cette confrérie:L'étrange univers du vivant; Tout ce qui de l'étoile à l'humble bactérie, De soi-même ou bien dérivant, Bouge - en ordre, en désordre - et se rebelle ou prie. Et sa façon d'être fervent (Comme le roi David devant l'Arche fleurie, Pleine ou vide) ne fut souvent Que danser comme l'herbe à travers la prairie Avec le vent.» Jacques Réda.
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Après avoir couru les bureaux de tabacs du vingtième arrondissement (Tabacs d'Orient), s'être rafraîchi en Bourgogne viticole (Le versant avare) ou encore après une chasse aux spores (Éloge du champignon), c'est de leur gras et crépinettes que viennent nous régaler Jacques Réda et Philippe Hélénon. Autour de l'andouille ou de la rosette leur complicité annonce le début d'une pantagruélique encyclopédie...
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A l'heure qu'il est, je devrais avoir recensé quarante-cinq pastilles. Cependant il m'en manque plusieurs. Quitté le métro à la station Quatre-Septembre, je me suis montré sans doute un peu trop confiant en cédant à l'attrait immédiat d'une papeterie, où un employé doté d'une barbe et d'un regard méphistophéliques m'a vendu pour 69 francs le cahier à couverture marbrée jaune et noir sur lequel j'entreprends de consigner le rapport de cette quatrième étape décevante. C'est cher.
En 1994, Jan Dibbets, pour rendre hommage au physicien François Arago, a installé sur le sol de Paris plus d'une centaine de médaillons de bronze qui forment en pointillés le tracé d'un méridien.
Le méridien de Paris est le journal d'un spectateur qui a décidé de suivre cette ligne. Mais cette ligne de longitude, issue d'un calcul géodésique rigoureux, convoque tout autant le hasard en faussant régulièrement compagnie à celui qui souhaite la suivre : la ligne droite semble aller de guingois.
Reste une méthode qui fournit à l'écriture de Jacques Réda, qui rapelle flâneries et contraintes des Ruines de Paris, le flou dont elle a besoin pour se déployer, multipliant la syncope et le pas de côté.
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Quel avenir pour la cavalerie ? ; une histoire du vers français
Jacques Réda
- Buchet/Chastel
- 17 Octobre 2019
- 9782283033494
La poésie serait-elle une guerre ? Le vers, le corps d'élite de la langue ? En retraçant l'histoire de notre prosodie, Jacques Réda dévoile les processus de transformation du français aussi inéluctables que ceux de la physique. Où les poètes sont les exécutants plus ou moins conscients d'un mouvement naturel.
Du Roman d'Alexandre à Armen Lubin, en passant par Delille, Hugo, Rimbaud, Claudel, Apollinaire, Cendrars et Dadelsen, Jacques Réda promène son oeil expert sur des oeuvres emblématiques, et parfois méconnues, de notre littérature. Inspirée et alerte, sa plume sait malaxer comme nulle autre la glaise des poèmes pour y dénicher les filons les plus précieux. À la fois leçon de lecture et d'écriture, et essai aux résonances métaphysiques, Quel avenir pour la cavalerie? ? constitue la « ?Lettre à un jeune poète? » de Jacques Réda, et le sommet de sa réflexion poétique.
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Entretien avec Monsieur Texte
Alexandre Prieux, Jacques Réda
- Fario
- Théodore Balmoral
- 8 Octobre 2020
- 9791091902571
Pour un public poétiquement éclairé, le nom de Jacques Réda présente au moins deux caractéristiques : c'est peut-être l'un des rares de notre temps qui puisse être cité aux côtés de ceux de La Fontaine, de Vigny ou d'Apollinaire sans produire l'impression gênante d'une inégalité d'échelle. Et d'autre part, c'est celui de l'auteur d'une très récente histoire du vers français dans laquelle, par une distraction probable d'historien, ne figure justement pas le nom de Jacques Réda. L'objectif de l'Entretien avec Monsieur Texte était de réparer cet oubli en interrogeant le poète sur son art du vers, ajoutant ainsi un chapitre à une histoire qui pouvait lui sembler s'être achevée avant son oeuvre.
Comme il s'agit aussi d'une causerie entre deux amis, le lecteur en apprendra non moins sur les vers de Jacques Réda que sur les circonstances intimes ou historiques qui déterminèrent sa vocation, sur l'importance cosmique de la poésie et du langage, sur la quasi-divinité du Rythme et sur les relations occultes entre la mécanique des fluides et les big-bands de la Nouvelle-Orléans.
Peu à peu, le sujet profond de l'entretien se dévoile, en forme d'invité-surprise : ce Monsieur Texte, qui n'est pas une doublure pompeuse de Jacques Réda, mais bien l'incarnation de toute langue et de toute littérature dont tout écrivain et tout être parlant, quelles que soient ses propres chances, doit nécessairement partager le sort. Au terme d'une vingtaine de lettres, le poète demeure seul face à ce grand personnage. Non pour un duel : pour une danse.
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C'est toujours un peu soi que l'on peint lorsqu'on tente de décrire les autres, ou de les deviner. Peut-être leur emprunte-t-on aussi de quoi flatter un peu le portrait que l'on ébauche alors inconsciemment de soi-même.
Avec la liberté du promeneur et la passion de l'explorateur Jacques Réda convoque nombre de figures amies : d'Alechinsky à Valéry en passant par Bergounioux, Follain, Lambrichs, Michon ou Munier. Ce recensement, à la fois affectif et truculent, rassemble les pièces d'un miroir.
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Après s'être penché sur la Bourgogne viticole (Le versant avare) ou avoir courru les bureaux de tabacs du vingtième arrondissement (Tabacs d'Orient), l'esprit, aussi malicieux qu'encyclopédique, de Jacques Réda vient se frotter aux champignons. Les dessins de Philippe Hélénon, cueilleur complice, sont le terreau idéal pour développement des spores verbaux les plus fantaisistes...
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La course ; nouvelles poésies itinérantes et familières (1993-1998)
Jacques Réda
- Gallimard
- Blanche
- 26 Mai 1999
- 9782070756018
Tramways à Bobigny Le long d'un boulevard désert, par un soir soucieux, J'ai vu venir les beaux tramways silencieux. L'un, grandissant comme une étoile qui miroite, Venait de l'avenir sur une ligne droite. En sens inverse l'autre a surgi d'un tournant Parmi des arbres et des fleurs, énorme et patinant De tout son poids mais souplement contre l'asphalte. Ils se sont arrêtés ensemble au niveau de la halte. Leurs portes à coulisse ont manoeuvré sans bruit Pour laisser descendre ou monter quelques dames parées Comme des reines de Saba : vertes, mauves, dorées. Au même instant cinq cents fenêtres ont relui Du haut en bas des grands immeubles : un nuage S'était déchiré dans le ciel et j'ai levé les yeux. Quand je suis revenu sur terre, le virage Et l'infini des rails avaient, jusqu'au sillage, Absorbé les deux beaux tramways silencieux.
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Il se retrouvait à l'improviste dans l'estuaire d'un ?euve, là où se contrarient les courants, où des hauts fonds mouvants alternent avec de la mangrove, des fosses, des bancs de sable, et il aurait voulu se lancer dans toutes les directions où l'étincelle se propulsait : elle fusait pour s'escamoter et, vacillait-elle, il souf?ait dessus très doucement a?n de la ranimer, mais elle allait se piquer loin de l'endroit où elle avait simulé cette défaillance. Est-ce qu'elle jouait ?
La rencontre amoureuse et la fêlure qu'elle augure sont prétextes pour Jacques Réda à nous plonger dans une percée métaphysique où se conjuguent le prosaïque et le sublime. Proses et vers se succèdent dans ce volume pour composer une théorie physique des sentiments du désir, du manque et de l'oubli. -
Géographie vraie : suivi de Entrée des sangliers par Jacques Réda
Charles-Albert Cingria, Jacques Réda
- Fata Morgana
- 13 Mai 2003
- 9782851945976
Découvrir un nouveau texte de Cingria, c'est faire, toujours, l'expérience de l'étonnement pur, à mille lieues du spectacle et des «pseudo-modernités» qu'il fustige en ces lignes, d'un étonnement dont le seul ressort est une vision singulière et puissante. Les sangliers «très mosaïque romaine» qui traversent ce texte, entre cent choses, tiennent dans le bestiaire cingriesque une place essentielle. Ils sont l'image de la force et de la sauvagerie, celle de cet «homme paléolithique» que l'auteur se plaisait à revendiquer. Dans sa postface à ce texte totalement inédit, Jacques Réda élucide certains points de ce riche rapport de Cingria au monde animal, et, conséquemment, à celui des hommes.
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Dans les deux premiers Livres de reconnaissances parus en 1985 et 1992 Jacques Réda exprimait sa gratitude à l'égard de ces pairs et maîtres écrivains, d'Ovide à Bashô, de Cingria à Quignard, dans de vibrants hommages en vers se jouant de la métrique. Dans Le tiers livre des reconnaissances l'intimité littéraire se fait encore plus personnelle en venant saluer Lucrèce et Nerval mais aussi les poètes bien connus, ses amis : Audiberti, Goffette, Grosjean, Tardieu. Subtils ou folâtres, ces exercices de style font le ménage savant de la mémoire livresque de leur auteur et dressent un inventaire attendri de sa «géologie volumineuse».