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Thomas Grillot
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Pas très loin d'ici, c'est un très beau pays qui reste à connaître. Difficile à trouver sur les cartes, mais visible si on cherche suffisamment. Ce pays veut qu'on parle de lui - même si ceux qui y habitent ne sont pas très fiers de la manière dont il est né. Dans ce pays, une ville. Ptère, la grande et belle ville. Les Ptèrotes auraient bien aimé ne pas faire partie de ce monde. Mais ce monde les a rattrapés. Ils auraient bien aimé, que leur pays puisse croître à son rythme et se développer. Mais ils n'en ont pas eu le temps. Le monde ne les a pas épargnés. Car il y a l'autre ville, Vièbe, celle qui ouvre sur la mer. De conflits en conflits de territoires, la guerre éclate. Il faut alors faire des prisonniers. Et Ptère a acquis une mauvaise réputation, tout à fait injustifiée : on a accusé cette ville de se moquer du droit international et d'enlever les enfants.
Marlon sait tout ça. Lui, c'est un jeune de Ptère auquel sa famille ne fait pas beaucoup confiance. Il sait son devoir. Il prend l'uniforme, il sert sa patrie. Mais voilà qu'à son tour il se fait prendre, car l'ennemi, lui aussi, fait des prisonniers. Bien sûr que Marlon va s'en sortir ! Mais il y a tant de personnes qui veulent sa mort. Et tant d'autres qui veulent le sauver. Encore maintenant, alors qu'il est blessé, dans une chambre d'hôpital.
Alors Marlon écoute ceux qui, autour de son lit, lui disent sa propre histoire. Tour à tour, le prêcheur Samson Bornifle, sa soeur Marjane, son ami Guigui vont donner leur version des faits. Tout en s'adressant à Marlon, ils nous racontent leurs itinéraires, leurs combats, les origines de cette guerre destructrice, ceux qui y ont pris part et les derniers mois menant à la fin du conflit. Peut-être qu'à la fin, Marlon comprendra autrement ce qui lui est arrivé. Peut-être que sa vie reprendra.
Texte audacieux, d'une grande richesse, le roman n'hésite pas à mêler différentes formes de narration, du discours au témoignage, ou encore du journal intime au compte rendu de jugement. Mais au-delà de cet enchaînement de voix, c'est avant tout la force de la parole des personnages et de la langue qui nous emportent. Derrière cet univers purement fictif et parfois surréaliste, se cache un laboratoire d'exploration des âmes insaisissables.
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Après la grande guerre ; le patriotisme pour redéfinir la place des Amérindiens aux Etats-Unis (1917-1947)
Thomas Grillot
- EHESS
- 13 Mai 2014
- 9782713224249
Thomas Grillot, en focalisant son attention sur les vétérans appartenant aux principales tribus des Plaines, révèle comment le conflit mondial a transformé la vie politique, sociale et culturelle des réserves indiennes.A travers les archives militaires, les organisations de vétérans, les monuments aux morts, les cérémonies patriotiques, les funérailles ou les powwows, la mémoire de guerre dessine un demi-siècle d'histoire oublié, où se réinvente le rapport des Indiens à la nation américaine.? Refusant une vision progressiste de l'histoire des Indiens allant de la colonisation à l'émancipation, Thomas Grillot souligne toute la complexité du rattachement des autochtones à la nation américaine. Les débats sur le patriotisme traduisent des luttes idéologiques très vives, d'une génération à l'autre, sur la place des Amérindiens aux États-Unis, sur le respect ou non des cultures tribales et, en définitive, sur l'assimilation à la nation, en dehors de toute tutelle coloniale. Car Après la Grande Guerre pose aussi une question centrale: pourquoi et comment des peuples colonisés répondent-ils à l'injonction de défendre l'État colonial?
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S'il y a des métiers, généralement de pouvoir, où les femmes sont quasiment absentes, il y en a aussi, déconsidérés, où les hommes sont l'exception. Comme dans le monde de la petite enfance. Faudrait-il des compétences innées que seules les femmes auraient pour s'occuper des plus jeunes ? Les très faibles salaires qui rémunèrent ces activités seraient-ils trop dissuasifs pour les hommes ? Les parents craindraient-ils au mieux leur incompétence, au pire des gestes déplacés ? Alors que les hommes s'investissent davantage dans le soin de leurs propres enfants, ne devrait-on pas s'habituer à ce que les éducatrices soient aussi des éducateurs ? Se réjouir que leur arrivée dans cet entre soi féminin encourage à la reconnaissance de l'importance de l'éducation des petits ? Ces questions, les hommes et les femmes que Thomas Grillot a rencontrés en crèche se les posent le plus ouvertement possible tout en se livrant au regard du visiteur sur leur travail.
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Il est entendu que nous mangeons mal. Trop gras, trop sucré, trop carné, trop lacté, trop debout, trop seul, trop vite, trop souvent, trop tard dans la nuit, sans mâcher, sans savourer, sans besoin, sans envie. La liste s'allonge de jour en jour de ces péchés supposés de savoir-vivre et d'irresponsabilité envers notre corps, l'environnement, la société. Car nos fringales coûtent cher. Il faudrait donc, nous disons-nous souvent, manger autrement. À y regarder de plus près, le problème est ancien, tout comme l'est l'exhortation à manger mieux.
« Manger autrement » propose de revenir sur ce vieux problème en proposant des regards divers et convergents : ceux d'un économiste, d'une philosophe, d'une géographe, d'un agronome, d'un spécialiste du paysage, de deux historiens et d'une anthropologue. À l'arrivée, un constat : manger autrement, c'est faire de la politique... autrement mais peut-être aussi, las, à l'ancienne !