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Amsterdam
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À partir de situations vécues, audiovisuelles ou fictives, François
Bégaudeau analyse les affects de la société bourgeoise, non dans
le but de salir ou de ridiculiser, mais pour tenter de saisir les
idées obscures qui traversent les individus, les ressorts potentiels
de leurs actions, tout ce qui échappe à leur contrôle et constitue
leur part proprement sociale. -
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L'identité s'est imposée comme une question politique centrale de notre époque, mais les débats qui s'y rapportent demeurent le plus souvent posés dans des termes caricaturaux. Pour les clarifier, Stuart Hall étudie ici la construction discursive de trois de ses formes principales : la race, l'ethnicité et la nation. Car si chacune de ces formes est le produit de longs processus de sédimentation historique, leur caractère construit ne doit pas nous conduire à croire qu'il serait possible de se débarrasser de ces catégories comme on dissipe une illusion. Au contraire, il est impératif d'appréhender les ressorts de leur persistance, et notamment leur inscription dans le fonctionnement du langage, afin de comprendre comment elles configurent notre quotidien et le cours de l'histoire, ainsi que d'envisager les modalités de leurs usages susceptibles de nourrir une pratique émancipatrice.
Dans un contexte où la mondialisation et les migrations tendent à scinder l'identité de son lieu concret d'origine, et alors que le racisme prolifère sur fond de déni de sa genèse coloniale, Stuart Hall expose de manière vive et concise les enjeux contemporains d'une approche politique de la différence, tout en proposant une introduction éclairante au champ des cultural studies. -
La Combinatoire straight : Métis, bâtards et autres enfants de putain
Jules Falquet
- Amsterdam
- 14 Février 2025
- 9782354803094
Des accusations de viol et proxénétisme contre DSK aux révélations des violences pédocriminelles quasi systémiques de l'Église catholique, en passant par le scandale de L'Arche de Zoé au Tchad, une multitude d'affaires, pourtant très différentes les unes des autres, n'a cessé de défrayer la chronique. Ces affaires ne sont en réalité que la pointe émergée d'un iceberg immense que Jules Falquet propose d'analyser ici à nouveau frais. Car c'est toute l'organisation socio-politique de la procréation, des alliances matrimoniales (qui épouse qui ?) à la filiation (à qui appartiendront les enfants ?), qui structure cet iceberg, et rend du même coup possible ces violences. Cet iceberg, Jules Falquet le nomme la combinatoire straight.
Repartant du débarquement de Christophe Colomb aux Amériques en 1492, cet essai raconte alors une tout autre histoire du capitalisme. Si le travail procréatif y est central, les « anti-alliances » que sont la prostitution, le viol, la pédocriminalité et l'inceste le sont tout autant. Elles sont la face obscure de la combinatoire straight sur laquelle repose le développement des sociétés occidentales. Et les destinées des enfants qu'elles produisent en masse n'en sont pas moins obscures. -
En 1978, Monique Wittig clôt sa conférence sur « La Pensée straight » par ces mots : « Les lesbiennes ne sont pas des femmes. » L'onde de choc provoquée par cet énoncé n'en finit pas de se faire ressentir, aujourd'hui encore, dans la théorie féministe et au-delà. En analysant l'aspect fondateur de la « naturalité » supposée de l'hétérosexualité au sein de nos structures de pensées, que ce soit par exemple dans l'anthropologie structurale ou la psychanalyse, Monique Wittig met au jour le fait que l'hétérosexualité n'est ni naturelle, ni un donné : l'hétérosexualité est un régime politique. Il importe donc, pour instaurer la lutte des « classes », de dépasser les catégories « hommes »/ « femmes », catégories normatives et aliénantes. Dans ces conditions, le fait d'être lesbienne, c'est-à-dire hors-la-loi de la structure hétérosexuelle, aussi bien sociale que conceptuelle, est comme une brèche, une fissure permettant enfin de penser ce qui est « toujours déjà là ».
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Catalyseur des pires maux de l'époque, la construction du « problème musulman » affecte l'ensemble de la société française. Hamza Esmili déconstruit dans ce livre les discours constitutifs de cet engrenage qui portent sur le fait musulman dans les quartiers populaires. Du postulat d'extranéité à la société française au paradigme contemporain du séparatisme et la production discursive qui l'accompagne, en passant par les dispositifs de lutte contre la radicalisation et leur adossement à la définition de la menace terroriste, il propose une analyse fouillée des modes successifs d'appréhension de la pratique islamique parmi l'immigration postcoloniale et au sein des foyers de marginalité urbaine.
Après avoir mis en rapport la variété des discours savants et profanes quant à l'islam en France avec les évolutions parallèles de la politique gouvernementale à l'égard des musulman·e·s - des « banlieues de l'islam » des années 1980 aux « territoires conquis de l'islamisme » des années 2020 - l'ouvrage décrit la réalité historique et sociologique d'une forme de réaffiliation religieuse parmi les immigrés et leurs enfants. S'appuyant à la fois sur la sociologie de l'immigration et l'anthropologie de l'islam, il interroge la genèse et les formes prises par une piété redécouverte en cité. Cela conduit notamment Hamza Esmili à montrer que cette réaffiliation religieuse n'est ni un résidu éphémère au procès d'intégration, ni un persistant atavisme civilisationnel, mais qu'il s'agit d'un phénomène inscrit dans la matérialité d'une expérience ouvrière et postcoloniale collective. -
L' Héritage politique de la psychanalyse : Pour une clinique du réel
Florent Gabarron-Garcia
- Amsterdam
- Poche
- 14 Février 2025
- 9782354803100
La focalisation délétère de la psychanalyse contemporaine sur les maux privés des individus n'avait rien d'inéluctable. Cette dernière n'a en effet pas toujours été l'outil de reproduction de l'ordre social qu'elle est devenue. Son héritage revêt une dimension subversive, nourrie de débats passionnants.
Contre une interprétation orthodoxe et superficielle de Lacan qui, faisant l'impasse sur ces controverses majeures, ne produit que du psychanalysme, Florent Gabarron-Garcia défend dans cet ouvrage une « clinique du réel », attentive à la dimension sociale et politique des histoires personnelles. S'appuyant sur une historiographie minutieuse et un matériel clinique foisonnant, il restitue à la pensée et à la pratique psychanalytique toute sa vitalité, à rebours du conformisme ambiant. Le primat oedipien abandonné, c'est avec l'inconscient réel qu'il s'agit désormais de cheminer : un inconscient traversé par les aléas de nos histoires singulières et de la grande Histoire et capable de subversions à l'encontre du règne de la marchandise. -
Provincialiser l'Europe ; la pensée postcoloniale et la difference historique
Dipesh Chakrabarty
- Amsterdam
- Poche
- 5 Mars 2025
- 9782354803124
L'Europe n'est plus le centre du monde. Pourtant, les catégories de pensée et les concepts politiques occidentaux continuent de régir les discours produits sur les mondes non occidentaux, perpétuant l'idée selon laquelle l'histoire de l'ensemble des sociétés humaines devrait être lue au prisme de l'évolution de ce continent. Or le capitalisme n'a pas réussi à unifier l'humanité. S'il s'est mondialisé, il ne s'est pas universalisé. D'où la nécessité de provincialiser l'Europe, autrement dit de reconnaître que l'appareil scientifique occidental ne suffit pas à comprendre nombre d'éléments des sociétés et des cultures des pays du Sud.
Dipesh Chakrabarty montre dans ce classique de la pensée postcoloniale que le temps historique est pluriel, que les sociétés participent de temporalités hétérogènes constitutives d'une multiplicité irréductible de manières d'être au monde. Ce faisant, il invite à penser la diversité des formes que peut prendre la modernité politique ainsi que des futurs qui se construisent aujourd'hui. -
La haine des fonctionnaires
Julie Gervais, Claire Lemercier, Willy Pelletier
- Amsterdam
- 6 Septembre 2024
- 9782354802943
Pourquoi si peu d'insultes envers les actionnaires, les employeurs ou les pollueurs, et autant contre celles et ceux qui servent le public en toute égalité ? Fonctionnaires = feignasses = pas rentables = emmerdeurs = protégés = profiteurs = archaïques = inutiles = à compresser ! D'où vient l'incroyable puissance d'évidence d'une telle équation ? Et qui sert-elle ? Pourquoi certains (hauts) fonctionnaires sont-ils parmi ceux qui la répètent le plus ? Ce livre, à l'écriture vive, fournit des arguments en partant d'idées reçues (non, sous-traiter au privé ne fait pas faire d'économies) et de scènes de la vie quotidienne : l'attente interminable, la dématérialisation incompréhensible, le fonctionnaire « laxiste » ou « borné », etc. Appuyé sur de nombreuses recherches, il leur oppose le dévoilement de réalité vécue par des agents de ménage, ouvriers des voieries, secrétaires de mairies, des psychiatres, des gardiens de prison, et les autres. Pour en faire des outils de lutte pour la défense des services publics. Il s'adresse aux fonctionnaires moqués en manque de réplique, aux militants syndicaux et associatifs qui oeuvrent à les défendre, aux étudiants qui veulent comprendre comment le dénigrement des fonctionnaires sert la détérioration des services publics, aux usagers qui souffrent de leur disparition et, plus largement, à tous celles et ceux qui, fatigués d'être montés contre leurs alliés et leurs semblables, veulent ne plus se tromper de cibles et porter la riposte.
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« Dans la mesure où le désir est impliqué dans les normes sociales, il est lié à la question du pouvoir et à celle de savoir qui peut être reconnu comme humain. » « Faire » son genre implique parfois de défaire les normes dominantes de l'existence sociale. La politique de la subversion qu'esquisse Judith Butler ouvre moins la perspective d'une abolition du genre que celle d'un monde dans lequel le genre serait « défait », dans lequel les normes du genre joueraient tout autrement.
Ce livre s'inscrit dans une démarche indissociablement théorique et pratique : il s'agit, en s'appuyant sur les théories féministe et queer, de faire la genèse de la production du genre et de travailler à défaire l'emprise des formes de normalisation qui rendent certaines vies invivables, ou difficilement vivables, en les excluant du domaine du possible et du pensable. Par cette critique des normes qui gouvernent le genre avec plus ou moins de succès, il s'agit de dégager les conditions de la perpétuation ou de la production de formes de vie plus vivables, plus désirables et moins soumises à la violence.
Judith Butler s'attache notamment à mettre en évidence les contradictions auxquelles sont confrontés ceux et celles qui s'efforcent de penser et transformer le genre. Sans prétendre toujours dépasser ces contradictions, elle suggère la possibilité de les traiter politiquement : « La critique des normes de genre doit se situer dans le contexte des vies telles qu'elles sont vécues et doit être guidée par la question de savoir ce qui permet de maximiser les chances d'une vie vivable et de minimiser la possibilité d'une vie insupportable ou même d'une mort sociale ou littérale. » -
Les Jacobins noirs : Toussaint Louverture et la Révolution de Saint-Domingue
Cyril Lionel Robert James
- Amsterdam
- Poche
- 6 Septembre 2024
- 9782354802950
Au début de la Révolution française, Saint-Domingue est la plus grande colonie du monde et le plus important marché de la traite européenne des esclaves. Au mois d'août 1791, les esclaves entrent en révolte. Pendant douze ans, ils mettent tour à tour en déroute les Blancs de l'île, les soldats de la monarchie française, une invasion espagnole, une expédition britannique de près de soixante mille hommes et un contingent français identique, commandé par le beau-frère de Bonaparte. La défaite des troupes napoléoniennes, en 1803, permet la création de l'État noir d'Haïti.
C. L. R. James raconte, dans un récit haletant, la seule révolte d'esclaves qui ait réussi, la première lutte anticoloniale de l'histoire et les obstacles immenses dont elle a dû triompher. À sa tête, un esclave porté par les idéaux de liberté et d'égalité : Toussaint Louverture. Comment et pourquoi des hommes et des femmes qui, peu de temps auparavant, tremblaient devant les Blancs, se sont-ils organisés en un peuple capable de vaincre les principales puissances européennes de l'époque? Tel est l'objet de ce classique, qui se voulait une contribution au combat contre l'impérialisme et reste riche d'enseignements pour notre époque. -
La réédition de L'État, le pouvoir, le socialisme, « classique » de la théorie politique dont la première édition remonte à 1978, s'inscrit dans les débats concernant les crises simultanées de l'Union européenne, du néolibéralisme et du capitalisme en général. Lire cet ouvrage aujourd'hui permet de comprendre que ces crises plongent leurs racines dans la structure des sociétés occidentales de l'après-guerre. Plus la crise économique s'approfondit, et plus le système devient autoritaire au plan politique. C'est ce que Poulantzas appelle l'« étatisme autoritaire », que l'on constate à présent au niveau européen, où des décisions affectant des millions de personnes sont prises hors de tout contrôle populaire. La seule alternative possible à ce système est le « socialisme démocratique », à savoir un socialisme qui dépasse le capitalisme sans pour autant sacrifier les libertés publiques. Avec Michel Foucault, Gilles Deleuze, et Louis Althusser, auteurs dont il discute les thèses dans cet ouvrage, Nicos Poulantzas compte parmi les penseurs des années 1960-1970 dont le rayonnement international est aujourd'hui le plus important. Alors que l'édition de théories critiques françaises et étrangères a connu une grande vitalité depuis les années 2000, il était plus que temps de faire redécouvrir cet auteur majeur.
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Pierre Clastres : Les sociétés contre l'État
Claire Pagès
- Amsterdam
- L'Emancipation En Question
- 5 Novembre 2024
- 9782354803063
« L'histoire des peuples qui ont une histoire est, dit-on, l'histoire de la lutte des classes. L'histoire des peuples sans histoire, c'est, dira-t-on avec autant de vérité au moins, l'histoire de leur lutte contre l'État. » (Pierre Clastres)
Penser les sociétés dites « primitives » non pas comme des sociétés sans État mais comme des sociétés contre l'État, telle est la révolution copernicienne opérée par Clastres dans le champ de l'anthropologie politique.
Au côté de James C. Scott et de David Graeber, Clastres est une des figures éminentes de ce qu'il est convenu d'appeler « l'anthropologie anarchiste ». Pour cette dernière, il s'agit avant tout de s'intéresser aux sociétés qui ont constitué des mécanismes de résistance à la verticalisation du pouvoir et qui se sont employées à limiter le risque de voir apparaître des institutions autoritaires et des rapports de domination.
Dans nos sociétés à État, à l'heure où les formes du contrôle étatique et de la dépossession politique se renouvellent et s'intensifient, la pensée de Clastres constitue une ressource inestimable pour qui s'interroge sur notre consentement à la domination et sur les moyens de nous rendre ingouvernables. -
RILI : quartiers populaires : défaire le mythe du ghetto
Gilbert Pierre
- Amsterdam
- Rili
- 4 Octobre 2024
- 9782354802974
Au sommet d'une colline s'élèvent d'imposants bâtiments rectilignes, bordés d'un côté par des champs et, de l'autre, par des pavillons. Le paysage des cités charrie tout un imaginaire. Elles sont, depuis plusieurs décennies, le support d'une profusion de fantasmes. Après avoir symbolisé le confort moderne et le progrès social de l'après-guerre, leur image s'est rapidement dégradée. On a d'abord dénoncé les cages à lapin et la sarcellite ; plus récemment, on a fustigé des ghettos, des territoires perdus gangrenés par le séparatisme.
Pour combattre ces fausses évidences, qui renforcent la stigmatisation des minorités racisées et des fractions précaires des classes populaires, Pierre Gilbert rétablit ici la réalité des faits. S'appuyant sur une synthèse inédite des travaux en sciences sociales, il met en évidence les formes de ségrégation subies par ces quartiers, expose leurs particularités sur le plan des styles de vie, des relations sociales, du rapport à l'État, de l'emploi, des normes de genre, des aspirations. Et produit ce constat spectaculaire : les cités sont des lieux banals, et leurs habitants très semblables au reste des classes populaires. -
Défaire voir se compose de trois parties :
- Une introduction, qui déplie le problème de la littérature politique en toute généralité.
- Un dispositif littéraire, intitulé « Manger les riches, une décomposition », qui prend pour départ le scandale des Ehpad Orpéa, et en dégage le régime de pulsionnalité du capitalisme financiarisé.
- « Se faire Voyant », une théorie de la littérature comme productrice de figures. Terme par lequel on désigne les textes qui produisent dans leur forme même une aperception nouvelle des logiques politiques et sociales.
Il s'agit de mettre en oeuvre et de théoriser une littérature politique qui tienne ensemble les deux termes « littérature » et « politique », sans sacrifier l'un à l'autre. Où dispositif d'écriture et précision analytique soient indissociables. En somme, une façon de rappeler que la littérature est un régime spécifique de la pensée. -
Le Corps d'exception : Les artifices du pouvoir colonial et la destruction de la vie
Sidi Mohammed Barkat
- Amsterdam
- Poche
- 16 Août 2024
- 9782354802929
À l'époque coloniale, le corps indigène est soumis à un état d'exception permanent. Ce procédé est au coeur de l'institution de l'indigénat. Sur le plan juridique et politique, le sénatus-consulte rend le droit musulman et les coutumes des colonisés incompatibles avec la moralité républicaine, tandis que sur le plan culturel, le colonisé est représenté comme indigne de la qualité de citoyen - bien qu'il soit membre de la nation française. Inclus en tant qu'exclu, il se trouve assujetti à un régime légal qui établit au coeur de l'État de droit une suspension du principe d'égalité.
Cette exception juridique et politique n'a toutefois pas disparu avec la décolonisation, comme le montre la fréquence des crimes policiers dans les quartiers populaires ou le caractère xénophobe et répressif des lois successives sur l'immigration. Les représentations discriminantes demeurent vivaces dans la société française d'aujourd'hui, et la violence institutionnalisée s'abat depuis des décennies sur les populations issues des anciennes colonies. Le Corps d'exception fait la démonstration implacable de cette continuité. -
Du libéralisme aux algorithmes, en passant par le burnout, les transclasses et la trottinette, François Bégaudeau livre, à travers les maîtres mots de l'époque, une analyse implacable de l'idéologie bourgeoise. « Plus c'est plus gros, plus ça passe, dit-on, et cela ne vaut pas pour mes bonimenteurs. Comme l'ordre syllabique l'indique, le bonimenteur n'est qu'à moitié menteur. Un boniment, pour prendre, doit être un peu vrai. Il est un peu vrai que cet écran plat est plat, et plus léger - le portant je le vérifie -, et plus confortable pour les yeux - rivé à lui je suis confort. La langue du capitalisme intégré est toujours un peu vraie. Il est un peu vrai que nous autres sujets des régimes capitalistes paradigmatiques sommes libres de nos mouvements. Il est un peu vrai qu'un télétravailleur peut disposer de ses horaires. Il n'est pas archi-faux que nos élections sont démocratiques. Les marchands ne mentent pas complètement en disant qu'ils créent de la valeur ou créent de la richesse. Ils devraient juste préciser que cette richesse leur revient. La langue du capitalisme ne doit pas être démasquée, elle doit être passée au crible implacable de la précision. »
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Racismes d'état, états racistes : un brève histoire
Olivier Le Cour Grandmaison
- Amsterdam
- 2 Février 2024
- 9782354802820
« Racismes d'État, xénophobie institutionnelle ou de même nature, discriminations systémiques engendrées par des politiques publiques ou favorisées par l'absence de prise en compte de leur gravité, ce sont là nos objets. » Depuis un certain nombre d'années, les procès en séparatisme et en communautarisme se sont multipliés. Procès intentés non plus seulement par l'extrême droite, dont on connaît les outrances, mais aussi par des intellectuels respectables et des responsables politiques soi-disant modérés. Le but d'une telle offensive ?
Discréditer comme un pur et simple délire la tentative de nommer les discriminations systémiques. Ainsi, le racisme ne pourrait exister dans notre république puisqu'il y est interdit au nom du principe d'égalité qui la fonde ; prétendre le contraire reviendrait à tout confondre, à se vautrer dans l'outrance, à se ranger du côté de ceux qui menacent les institutions.
L'offensive a pris une telle ampleur qu'il fallait y apporter une réponse précise. Contre les amalgames et les caricatures, cet ouvrage propose l'étude de deux concepts - ceux de racisme d'État et d'État raciste - dont il retrace la genèse et définit les strictes conditions d'application. Non, dire qu'une xénophobie d'État s'exerce à l'encontre de certaines populations ne revient pas à comparer la France d'aujourd'hui à l'Afrique du Sud de l'apartheid.
Mais, si l'on doit se garder des comparaisons hâtives, on doit aussi examiner, dans leur glaciale variété, les pratiques réelles, passées et présentes, des régimes dits démocratiques, sur le plan intérieur comme à l'étranger. Il en va de l'efficacité du combat contre le racisme et la xénophobie. -
Depuis quelques années, le féminisme connaît un nouvel essor, en France et dans le monde occidental, mais aussi partout ailleurs, particulièrement en Amérique latine. Ce petit livre a pour ambition de faire le point sur la diversité des luttes et réflexions actuelles. Il fait l'hypothèse qu'une « quatrième vague » du féminisme a commencé. Il propose tout d'abord un parcours politique et intellectuel à travers l'histoire trop méconnue des trois premières vagues, dont il détaille les grands courants, les lignes de force, les lignes de clivage et les points aveugles : ce souci pédagogique est une de ses premières vertus, surtout à une époque où l'on réduit parfois uniformément la deuxième vague à un féminisme « blanc », « bourgeois » ou « d'État ».
L'autrice insiste sur les enjeux et les points de division du mouvement aujourd'hui (les femmes musulmanes, le travail sexuel et les personnes trans, notamment) et défend un féminisme axé sur la « reproduction sociale », sur la relation entre oppression de genre et perpétuation du système capitaliste.
S'inscrivant dans les pas de Lise Vogel et Silvia Federici, elle jette un pont entre le féminisme matérialiste ou marxiste des années 1970 et les luttes et travaux les plus contemporains.
Les lectrices et lecteurs trouveront dans ce livre un précieux guide pour s'orienter dans l'histoire et l'actualité du féminisme.
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Deleuze et Guattari : Une philosophie des devenirs-révolutionnaires
Igor Krtolica
- Amsterdam
- L'Emancipation En Question
- 15 Mars 2024
- 9782354802882
Ce livre est la première introduction générale en français à l'ensemble de la philosophie de Deleuze et Guattari, qui comme celle de Marx et Engels, doit être considérée dans son rapport à son contexte historique et politique. Jusqu'ici tantôt les études se sont intéressées à l'oeuvre du seul Deleuze ou du seul Guattari, tantôt elles se sont attachées à un aspect particulier de leur oeuvre, tantôt elles ont cherché à en proposer une analyse philosophique détachée des enjeux sociopolitiques de l'époque. Dans cet ouvrage, Igor Krtolica propose une analyse claire de l'ensemble de leur oeuvre pour montrer deux choses : qu'elle est en prise étroite sur la conjoncture politique, car elle analyse les nouvelles subjectivités qui émergent après-guerre et cristallisent dans les mouvements révolutionnaires de la fin des années 1960, comme les réactions contre-révolutionnaires qui les répriment et font craindre l'instauration d'un nouveau type de fascisme ; mais aussi que cette oeuvre a une prétention universelle, car les nombreux concepts qu'inventent Deleuze et Guattari remplissent une fonction intempestive, celle de saisir dans chaque présent historique ce qui recèle une puissance d'avenir et de devenir, formant ainsi une clinique des devenirs ou une médecine de la civilisation - avec une vigilance particulière pour ces moments critiques où se lèvent les devenirs-révolutionnaires, comme pour ceux où les choses risquent de mal tourner.
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Marx écologiste ? L'opinion courante est que Marx et le marxisme se situent du côté d'une modernité prométhéenne, anthropocentrée, qui ne considère la nature que pour mieux la dominer et l'exploiter, selon une logique productiviste qui fut celle tant du capitalisme que du socialisme historiques. L'écologie, comme discipline scientifique et comme politique, aurait ainsi à se construire en rupture avec l'héritage marxiste ou, du moins, au mieux, en amendant considérablement celui-ci pour qu'il soit possible de lui adjoindre des préoccupations qui lui étaient fondamentalement étrangères. Qu'en est-il vraiment ? Dans Marx écologiste, John Bellamy Foster, textes à l'appui, montre que ces représentations constituent sinon une falsification, du moins une radicale distorsion de la réalité : des textes de jeunesse aux écrits de la maturité, inspirés par les travaux de Charles Darwin et de Justus von Liebig, le grand chimiste allemand, fondateur de l'agriculture industrielle, Marx n'a jamais cessé de penser ensemble l'histoire naturelle et l'histoire humaine. S'il faut aujourd'hui tirer de l'oubli la tradition marxiste et socialiste de l'écologie politique, c'est que la perspective marxienne en la matière a une actualité brûlante : une des questions les plus urgentes de l'heure n'est-elle pas de savoir si la crise écologique est soluble dans le capitalisme ?
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Esclavage dans les mondes musulmans : Des premières traites aux traumatismes
M'hamed Oualdi
- Amsterdam
- Contreparties
- 1 Mars 2024
- 9782354802837
L'esclavage dans les mondes musulmans suscite de nombreux fantasmes et de multiples instrumentalisations. Cet ouvrage propose une mise au point rigoureuse et informée sur ce sujet, afin de couper court aux polémiques qui l'entourent.
Au cours de la dernière décennie, la présence de certaines formes d'« esclavage moderne » en Lybie ou au Qatar a été fortement médiatisée, donnant matière à une série de controverses sur la traite d'esclaves au sein des mondes musulmans. Cet ouvrage de M'hamed Oualdi s'attache à ébranler les représentations erronées qui entourent ce phénomène historique. L'historien réfute le lieu commun qui voudrait que l'esclavage soit tabou au sein des sociétés musulmanes contemporaines. Il souligne la diversité des traites qui prennent place depuis la période médiévale au sein des mondes musulmans, loin de la vision homogénéisante d'un esclavage « islamique » unifié.
M'hamed Oualdi remet ainsi en cause les historiographies cherchant à comparer cette forme d'esclavage à la traite atlantique dans le but de relativiser la gravité historique de cette dernière.
Pour ce faire, il décrit la pluralité des fonctions exercées par les esclaves au sein des mondes musulmans. En se concentrant ensuite sur la période moderne, M'hamed Oualdi analyse les processus d'affranchissement de ces esclaves. Il rend ainsi saillant le caractère ambivalent des politiques abolitionnistes alors mises en oeuvre par les puissances européennes. En parallèle, il présente les pensées abolitionnistes musulmanes qui se sont développées dans l'ensemble de ces régions. Enfin, l'historien interroge la présence de l'esclavage dans les sociétés musulmanes. -
La norme gynécologique : ce que la médecine fait au corps des femmes
Aurore Koechlin
- Amsterdam
- 16 Septembre 2022
- 9782354802530
Parmi les spécialités traitant de la santé des femmes, la gynécologie occupe une place à part : à la différence de l'obstétrique ou de la chirurgie gynécologique, elle ne porte pas sur un moment particulier de la vie corporelle, la maladie, la grossesse ou l'accouchement, mais consiste à suivre les patientes sans justification médicale apparente de la puberté jusqu'à la mort. Elle repose donc sur l'idée que les femmes nécessitent un suivi spécifique et régulier.
Ce livre se donne pour but de défaire cette évidence : pourquoi les femmes doivent-elles consulter un gynécologue une fois par an ? Cette injonction, qui n'a bien sûr pas d'équivalent pour les hommes (il n'existe pas d'« andrologie »), correspond à ce qu'Aurore Koechlin appelle la « norme gynécologique ».
Pour l'étudier, elle a choisi de mener une enquête ethnographique au long cours, sur plusieurs terrains, auprès de praticien·ne·s et de patientes. Ainsi, elle interroge en féministe, au plus près de l'expérience, la nécessité du suivi gynécologique, la manière dont les femmes le vivent et la curieuse pathologisation du corps féminin qu'il implique. Elle retrace les étapes de la « carrière gynécologique », identifie ses effets, notamment psychiques, examine les relations médecins/patientes et l'inégale qualité des soins prodigués selon la classe et la race, et, enfin, s'intéresse aux résistances, partielles ou totales, à cette norme gynécologique, qui prennent par exemple la forme de l'auto-gynécologie. -
Les frontieres de l'"identité nationale" : L'injonction à l'assimilation en France métropolitaine et coloniale
Abdellali Hajjat
- Amsterdam
- 19 Avril 2024
- 9782354802868
Les frontières des État-nations se traduisent notamment par le processus de naturalisation imposée aux individus souhaitant appartenir à la « communauté nationale ». En France cela passe par la démonstration de leur assimilabilité. Moins employée depuis quelques années, la notion d'assimilation y constitue néanmoins toujours la matrice du droit des étrangers. En effet le « défaut d'assimilation » est le principal motif des refus de naturalisation des candidats à la nationalité française. Promue sous l'Empire colonial, cette notion polysémique permet à la communauté nationale de maintenir la distinction entre les Français de métropole et les Autres.