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Michele
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Robert Walser : le promeneur ironique
Philippe Lacadée
- Michele
- Je Est Un Autre
- 11 Janvier 2023
- 9782815600729
Robert Walser, écrivain Suisse d'expression allemande, reconnu de son vivant par les plus grands - Franz Kafka, Robert Musil, Walter Benjamin - est « un de ces « artistes de la langue » tels que les définira André Breton ». Il se voue à incarner une sorte de poète moderne : « C'est pour moi une sorte d'écrivain pointilliste. Comme un kaléidoscope.» Son univers est tout entier contenu dans chaque point. Cette fragmentation fait qu'il est à mes yeux l'un des écrivains majeurs du XXe siècle, du moins pour la littérature allemande. » Philippe Lacadée fait le choix ici de ne pas tenter une « biographie » classique de cet homme si secret, si à l'écart du monde et des autres, mais de la déduire de ses écrits. Ce sont les héros de Walser qui le présentent au monde.
Lui-même ne se représente pas dans une mise en scène pour un Autre toujours improbable, mais se donne tel quel, dans une foule de détails, si singuliers, dont foisonne cette écriture d'apparence tantôt naïve, honnête et simple, tantôt si déroutante. Robert Walser est dans son écriture, dans ce qu'il nomme son roman du réel, qui structure tous ses romans.
C'est à partir du récit de ses héros que nous chercherons à déduire ce qu'a été sa vie. Dans cet essai, Philippe Lacadée montre que le poète, tout en devançant la psychanalyse, nous éclaire : son écriture miniature radicalise en quelque sorte les deux modes de l'écrit, soit le signifiant et la lettre, elle marque la distinction entre l'écrit qui ne parle que pour lui et le dessin de l'écriture miniature.
C'est un Walser avec Lacan qui nous est ici proposé et qui éclaire aussi bien le psychanalyste que le poète. -
Le malentendu de l'enfant ; que nous disent les enfants et les adolescents d'aujourd'hui ?
Philippe Lacadée
- Michele
- Je Est Un Autre
- 3 Juin 2010
- 9782815600026
L'heure est à l'apologie de la communication et de la parole. Les spécialistes de l'écoute prolifèrent, qui tentent de dissoudre par elle le moindre traumatisme et de lever tous les malentendus. On oublie que donner la parole à l'Autre suppose que l'on sache que s'y révèle un réel hors sens qui se refuse à être pensé. C'est ce que découvre Freud, et qu'il appelle le « premier mensonge » du symptôme - ce malentendu où gîte le sujet de l'inconscient. Quelle fonction joue ce malentendu dans l'histoire de la psychanalyse ? Quel rôle tient-il dans l'histoire et le destin du sujet ? L'auteur répond d'abord à partir de la clinique de l'enfant, sans négliger certains exemples littéraires. Il lève par ce biais les équivoques qui règnent sur des concepts clés de la psychanalyse, tels la pulsion, la demande, la névrose infantile, le surmoi, l'interprétation, etc. Il s'éclaire, pour ce faire, tout particulièrement de la lecture par Jacques Lacan du cas du petit Hans. Et nous conduit ainsi à des questions d'actualité où peuvent se découvrir des générations différentes : responsabilité de l'enfant et de l'adolescent, leurs inventions. Ce livre, loin de dissoudre le malentendu, le dissipe : cette part inhérente au sujet ne saurait s'éliminer, même au prix de réduire le dire à un dit et celui qui le dit à son énoncé. A saluer l'indiscipline de cet incurable, un analyste, comme chacun de nous, est en mesure de prendre la responsabilité de trouver comment advenir là où c'était le malentendu.
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Subversion lacanienne des théories du genre
Fabian Fajnwaks, Clotilde Leguil
- Michele
- 18 Juin 2015
- 9782815600200
Comment la psychanalyse lacanienne aborde-t-elle la question du genre ? La psychanalyse est-elle hétéronormative ? Quel statut le signifiant "femme" a-t-il en psychanalyse ? Comment peut-on à partir de la clinique analytique rendre compte du genre "neutre" comme nouvelle revendication et nouveau droit des sujets du XXIe siècle ? C'est à ces questions que des psychanalystes d'orientation lacanienne répondent dans cet ouvrage, en prise avec les débats qui préoccupent la société civile.
La psychanalyse partage avec les gender studies la dénaturalisation de la sexualité, mais ne se ramène pas pour autant à une simple déconstruction du genre en tant que norme sociale. En revenant sur les thèses des principaux auteurs des gender studies (J. Butler, Monique Wittig, Gayle Rubin, Eve Kosofski Sedgwick, Didier Eribon, Eric Fassin, Marie-Hélène Bourcier), cet ouvrage s'attache à restituer le sens de l'orientation lacanienne en matière de genre, par-delà le malentendu qu'engendre la lecture de Lacan proposée par ces auteurs. Car si la cure analytique tourne tout entière autour de questions comme "qu'est-ce qu'être une femme ?", ou "comment être un homme ?", elle n'invite pas pour autant le sujet en analyse à se conformer à des normes de genre. Par-delà toute identification à un mode de jouissance qui peut être partagé par d'autres, par-delà toute appartenance à une communauté permettant au sujet de s'identifier à d'autres, la psychanalyse conduit chacun, dans sa solitude, à se confronter à un noyau de jouissance qui est aussi ce que Lacan a appelé "un réel". Cet ouvrage, en répondant ainsi aux gender studies, tente de faire émerger les enjeux éthiques et politiques dont la psychanalyse lacanienne est porteuse.
Avec les contributions d'Éric LAURENT, Pierre-Gilles GUÉGUEN, Fabrice BOURLEZ, Anne Emmanuelle BERGER, Clotilde LEGUIL, Fabian FAJNWAKS.
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Dans ce nouvel ouvrage, Juan Pablo Lucchelli explore les travaux initiaux de Lacan, bien avant sa rencontre avec ce que l'on nomme le structuralisme.
Si l'on situe communément le début de l'oeuvre de Lacan au début des années 50, suite à sa rencontre avec de l'oeuvre de Lévi-Strauss, on méconnait souvent la période qui l'a précédée
Or, parmi les nombreuses références qui ont compté pour le jeune Lacan, les figures de Henri Wallon et d'Alexandre Kojève se révéleront décisives. Un travail d'analyse textuelle très précis des premiers écrits, et notamment de l'article "Les complexes familiaux", de 1938, permet de mettre ici au jour tout ce que Lacan doit à Wallon.
Kojève, quant à lui, est encore plus présent dans l'oeuvre du psychanalyste : on sait combien il a marqué les jeunes années de Lacan, mais la découverte de quelques lettres inédites de Lacan à Kojève à la Bibliothèque nationale de France met en évidence l'omniprésence de ce dernier, même au-delà de la période structurale.
Ainsi, le travail d'analyse approfondi que Juan Pablo Lucchelli présente ici permet de dessiner la matrice d'une pensée qui va influencer Lacan dès le début de sa vie intellectuelle.
Dans la même veine, la découverte d'une citation précoce de Horkheimer jette des nouvelles lumières autant sur la notion de "déclin de l'imago paternelle" que sur le rapport de Lacan aux auteurs francfortois.
Le lecteur lira également avec bonheur un texte de 1936, resté inédit jusqu'à une date récente, que le philosophe devait écrire à quatre mains avec le psychanalyste. -
Virginia Woolf ; l'écriture, refuge contre la folie.
Collectif
- Michele
- Je Est Un Autre
- 24 Mars 2011
- 9782815600057
"Je suis faite de telle sorte que rien n'est réel que je ne l'écrive" écrit Virginia Woolf (1882 - 1941) en 1937. Les textes de cet ouvrage, qui réunit psychanalystes et chercheurs en littérature anglaise, éclairent la singularité de l'écriture de Virginia Woolf, écriture si étroitement nouée à son histoire et qu'elle remet sur le métier d'un texte à l'autre. Virginia Woolf fut violée par ses demi-frères, elle souffrit de la mort prématurée de sa mère, de son père, de sa demi-soeur et de son frère, et elle mit fin à ses jours pendant la guerre. Les auteurs de ce livre ont cependant pris la position de ne pas tenir Virginia Woolf pour une déprimée, une "victime exemplaire" des théories du traumatisme, mais bien plutôt de cerner sa bataille avec les mots contre une douleur d'existence. La lecture de son oeuvre révèle la tâche infernale à laquelle elle s'est livrée et les moyens qu'elle a trouvés pour se protéger de ce qu'elle nomme son "horreur". Les textes rassemblés ici suivent l'écrivain à la trace, dans ses écrits fictionnels, auto-biographiques, et, particulièrement, dans ses écrits les plus tardifs car c'est là que s'exposent de façon fulgurante son ironie et l'éclatement de son monde intérieur. N'oublions pas, enfin, que Virginia Woolf - éditrice de Freud avec son mari - fut elle-même traversée par la psychanalyse ; elle en témoigne fréquemment dans son Journal. Seul le recours incessant à l'écriture donne pour elle consistance à la réalité, "sans le secours d'aucun discours établi", comme l'avance Jacques Lacan du "dit schizophrène" dans son texte "l'Etourdit". L'écriture de Virginia Woolf témoigne du mystère incessant qu'elle fut pour elle-même sans que l'on puisse ici, toutefois, conclure qu'écrire aura réussi à apaiser sa certitude de "redevenir folle", hantise confiée à son mari dans la dernière lettre qu'elle lui laissa avant de se suicider.
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Après plus de cent ans de luttes féministes, mais aussi plus de cent ans de psychanalyse, pourquoi le rapport entre les sexes ou, plutôt, le rapport de l'être au sexuel est-il toujours déséquilibré ? Guerre des sexes, émancipation des femmes, contestation de l'hégémonie hétérosexuelle, mariage gay, LGBT : l'éclatement du sexuel semble illimité, en même temps que de nouvelles transformations identificatoires cherchent à s'imposer, ce qui confirme si besoin était, à quel point toute forme de sexualité implique peu ou prou une norme. Mais toute norme contient à son tour ses propres lois restrictives, de telle sorte que le malaise auquel Freud pouvait faire allusion, loin de s'estomper, perdure toujours : ce qui semble nouveau porte surtout la trace de l'ancien qu'il essaie de surmonter. La sexualité comme telle doit être ainsi remise en question. Jean-Claude Milner, Slavoj Zizek et Juan Pablo Lucchelli entrent en dialogue à partir des champs au départ bien distincts et ne craignent pas d'aborder des sujets qui fâchent et divisent l'opinion. Ils tentent ainsi de poser des balises et d'ouvrir des trouées dans les discours sur les sexualités. Ils suivent en cela les conseils d'un James Joyce : « Si nous ne pouvons pas changer le pays, changeons au moins de conversation. »
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L'inconscient de papa et le nôtre ; contribution à la clinique lacanienne
Serge Cottet
- Michele
- Je Est Un Autre
- 1 Avril 2012
- 9782815600064
Cet ouvrage réunit plus d'une vingtaine de travaux récents de Serge Cottet qui ont pour fil conducteur l'orientation actuelle de la clinique psychanalytique éclairée par l'oeuvre de Jacques Lacan. Chaque article soulève une question actuelle : la dépression, la sexualité des adolescents, la criminalité, la psychose ordinaire. La clinique psychanalytique est en prise sur le malaise de notre temps.
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François Augiéras ; l'homme solitaire et la voie du réel
Philippe Lacadée
- Michele
- Je Est Un Autre
- 9 Juin 2016
- 9782815600231
François Augiéras, né le 15 juillet 1925 à Rochester, aux Etats-Unis, voulait accéder au réel du monde d'avant nous, les êtres humains dits civilisés venus le dénaturer. Le réel prit, pour lui, la figure de l'Autre en tant qu'Univers-divin auquel, au-delà de son amour, il dédia la jouissance de son être. Il voulut s'extraire de la lumière grise de Paris qu'il détesta dès son enfance, pour atteindre la lumière d'une lucidité transcendantale. Il se tint à l'écart des humains d'abord dans le désert d'El Goléa, inspiration de son livre remarqué Le Vieillard et l'Enfant, et, en fin de vie, dans sa grotte de Domme où il écrivit Domme ou l'Essai d'Occupation. Il meurt seul à l'hospice à 47 ans.
Il fut écrivain et peintre. "Ma plus belle oeuvre d'art, serait-ce ma vie ?" Aventurier de l'esprit, il fut une des figures les plus fascinantes et scandaleuses de la littérature de son époque suscitant l'enthousiasme d'André Gide, Marguerite Yourcenar, Yves Bonnefoy... Le nouage de son écriture et de son existence fait entendre une expérience du réel inédite. Sa quête du Dieu-Univers l'amena, dans une énergie sans mesure, à être à l'écoute des pulsions du vivant de la nature. Il annonça la venue de l'Homme Nouveau du Plan divin, en osmose avec l'Univers. Il disait être un malheureux "qui, [...] s'est "amusé" à inventer à lui tout seul une civilisation inconnue [...] bien sûr cela retiendra l'attention d'un psychiatre, mais non pas celle des autorités : je n'en demande pas davantage." Voilà donc retenue mon attention de psychanalyste, et voici ce livre dans lequel j'ai essayé d'être le passeur de l'oeuvre-vie de François Augiéras qui, depuis son fameux Lit de fer, s'était hissé sur son escabeau pour se faire cet artiste-délinquant, comme il se nomma lui-même, dans la mise à nu par l'écriture du réel auquel il eut affaire.
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Autisme ; quelle place pour la psychanalyse ?
Juan Pablo Lucchelli, Jean-claude Maleval, François Ansermet
- Michele
- 7 Juin 2018
- 9782815600378
Il est maintenant largement admis que l'autisme, quelles que soient les formes cliniques qu'il prenne, est un trouble neurobiologique qui détermine un rapport différent aux autres et au monde. Une fois l'origine neurobiologique admise, l'enjeu, pour les soignants, pédagogues et parents des autistes adultes et enfants, est de leur faire une place dans ce monde, chacun selon leur spécificité.
En France, et en raison de l'influence de la psychanalyse, il y a toujours eu une tendance à considérer que l'autisme était une psychose infantile. Un des premiers cas d'autisme a été décrit par la psychanalyste Mélanie Klein (le fameux "cas Dick") dans les années 30. Au début des années 50, quand en France on connaissait peu le travail pionnier de Léo Kanner, Jacques Lacan, devançant ainsi la notion actuelle d'attention conjointe, s'est intéressé au cas Dick, pour lequel il a développé un "modèle optique" de la personnalité, sans toutefois se prononcer quant à son diagnostic.
Ce livre explore différentes approches théoriques de l'autisme depuis la psychanalyse jusqu'aux sciences cognitives. Son auteur prend appui non seulement sur la littérature scientifique, mais aussi sur des exemples cliniques de sa propre pratique pour arriver à une conclusion précise quant à l'indication du traitement psychanalytique des autistes. Le psychanalyste peut-il à lui seul être une réponse thérapeutique à l'autisme ? Certainement pas. La psychanalyse est-elle indiquée chez les autistes ? Elle l'est à condition qu'elle refonde entièrement sa conception de l'autisme, comme certains psychanalystes l'ont fait ces dernières années, ce dont ce livre fait état.
Préface Jean-Claude Maleval - Postface Ariane Giacobino -
De nombreux livres furent consacrés à André Gide mais aucun encore au Gide dont parla Lacan dans un article fameux, paru en 1958 et inclus ensuite dans ses Écrits, " Jeunesse de Gide ou la lettre et le désir ".
Ce Gide-là, qui ne ressemble à aucun autre, fit date dans son enseignement en l'amenant à des élaborations nouvelles et fondamentales : l'amour différencié du désir, l'objet a qui deviendra l'une de ses grandes inventions, la clinique de l'enfant dans ses aspects les plus sombres, la perversion comme on ne l'a jamais vue... Lacan montrait aussi les enjeux vitaux de la littérature pour Gide dont le style n'était pas qu'un gracieux ornement mais aussi et surtout une solution à son symptôme.
Les cliniciens pourront y trouver de quoi affiner leurs catégories et les spécialistes de Gide découvrir leur grand homme sous un autre jour. Difficile, mystérieux, nécessitant beaucoup de lectures, le texte de Lacan est longtemps resté dans l'ombre. Puisse ce livre aider à la dissiper !
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Au-delà des traumatismes de l'existence, chocs, paroles blessantes, violences, l'adolescence est en soi traumatique : la mésalliance entre corps et langage s'y révèle avec force. Freud, dans son texte intitulé « Pour introduire la discussion sur le suicide », paru en 1910, s'est demandé quels appuis offrir à chaque adolescent pour que son désir puisse s'affirmer. Au moment de s'arracher à sa famille et d'envisager son avenir, l'adolescent est pris dans un conflit entre idéaux, recherche d'amour, volonté de jouissance, passages à l'acte. Il découvre sa fragilité.
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« quelque chose à dire » à l'enfant autiste ; pratique à plusieurs à l'antenne 110
Bruno Halleux
- Michele
- Je Est Un Autre
- 14 Octobre 2010
- 9782815600040
Ce livre retrace l'expérience d'un centre spécialisé, l'Antenne 110, qui accueille des enfants autistes depuis trente-cinq ans.
Les textes rassemblés ici témoignent d'une clinique institutionnelle inventive dont le socle a été nommé "pratique à plusieurs", pratique qui trouve ses racines dans le langage. II a pour but de montrer et d'attester que les enfants souffrant d'autisme ont un potentiel spécifique pour y suppléer à condition d'être entendus dans ce qu'ils ont à nous dire. La pratique de ce centre donne un éclairage atypique sur les ressources de ces enfants pris dans leurs stéréotypies et exclus du discours commun ainsi que sur des réponses inédites que les intervenants leur adressent.
Sa lecture permet aux professionnels - éducateur, paramédical, psychologue et psychiatre - de trouver une position juste dans leur écoute et dans leurs interventions auprès des enfants. En outre, ce livre traduit et met en forme le savoir intuitif que les parents manifestent dans leur rencontre avec ces professionnels. Au-delà de la clinique originale développée au fil des pages, le lecteur découvrira une prise de position décidée, un désir de savoir et de " savoir y faire " avec ces enfants, un désir fondé sur une éthique analytique sans concession.
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L'homme Kertész ; variations psychanalytiques sur le passage d'un siècle à un autre
Collectif
- Michele
- Je Est Un Autre
- 31 Octobre 2013
- 9782815600149
Le prix Nobel de littérature (2002) a rendu son oeuvre accessible à un public nombreux, français notamment. Imre Kertész est donc célèbre. Son oeuvre n'est pourtant pas si lue qu'on le voudrait. Et voilà qu'elle est mise à l'écart, dans son pays.
Cet auteur inclassable produit, avec sa logique ironique si sensible dans Dossier K., une oeuvre classique et subversive. Avec une habileté consommée, Imre Kertész force en nous un passage pour loger le Réel d'Auschwitz, car Auschwitz dit-il, appartient à ce que nous appelons "la culture".
Déporté peu après son père, seul il en est revenu. Ecrivain de sa propre expérience, comme telle indicible, il s'est voué à démontrer que rien ni personne ne cesserait plus d'en revenir. Plus le nom d'Auschwitz s'efface, plus il revient. Tel un revenant, il nous hante et marque chacun de nous un par un.
Kertész incarne le destin humain marqué par le nazisme, puis par le communisme. La liberté de son écriture, il l'a conquise dans la marge de sa solitude et de sa vie amoureuse. Il a capturé celles-ci dans une forme et un ton, et il explique comment son écriture les a "libérées" en retour.
L'homme Kertész n'est pas celui des Mots de Sartre "qui les vaut tous et vaut n'importe qui". C'est celui qui a mis au point un art capable de contenir le trauma dans un extraordinaire emboîtement de romans et de journaux qui se font écho.
C'est pourquoi huit "auteurs" ont voulu chacun faire entendre comment cette oeuvre diffractée contribue à éclairer notre époque, ses impasses et son ferment. Ils l'ont fait dans une marge, aussi : celle de leur expérience de la psychanalyse.
Huit auteurs, plus une, qui, de la littérature qui est son domaine, accueille ces travaux, et leur ouvre un nouveau champ à défricher. -
Cet ouvrage est né de ce constat : la psychanalyse est très attaquée sur le terrain de l'homosexualité, elle est souvent tenue pour normative, nostalgique d'un Nom-du-Père et d'un ordre symbolique de fer.
De nombreux théoriciens du genre, et des auteurs queer, souvent relayés par les medias, critiquent encore beaucoup Freud et Lacan en raison de leurs théories prétendues conservatrices.
Il se trouve pourtant que la psychanalyse, pratique qui remet sans cesse la doctrine en chantier, modifie le discours tenu sur l'homosexualité. Freud la sortit définitivement du champ des déviances, voire des dégénérescences, quant à Lacan, c'est en s'attachant à définir l'hétérosexualité qu'il a ouvert la voie des homosexualités.
Si cet ouvrage collectif évoque "les" homosexualités féminines, c'est que l'orientation lacanienne appelle à penser l'homosexualité au pluriel. Les avancées sur la sexuation rendent nécessaire cette distinction saisissante : tout sujet, qu'il soit homme ou femme anatomiquement, peut se ranger côté homme ou côté femme, dans un mode de jouissance ou dans un autre, dans un discours ou dans un autre.
De ce fait, l'expérience de la psychanalyse est audacieuse.
Ce livre fait le pari de démontrer que cette démarche, hors-standard et hors-normes, peut conduire à une légèreté inédite, une fierté, oui, discrète, car un peu à soi.
Ouvrage collectif de : Marie-Hélène Brousse, Fabian Fajnwaks, Nathalie Georges-Lambrichs, Stella Harrison, Catherine Lazarus-Matet, Pascale Pillet et Laura Sokolowsky.
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Ce roman intense, présenté sous la forme d'un journal, est une exploration de la société égyptienne contemporaine où se mêlent portraits acerbes et touchants, réflexions personnelles, traits d'humour et poésies.
Le rôle d'enseignant au sein d'un organisme humanitaire à Alexandrie endossé par le narrateur s'avère un poste d'observation privilégié lui permettant d'appréhender cette société sous l'angle atypique de la minorité copte - les premiers chrétiens d'Égypte. Ce roman illustre l'évolution personnelle d'un homme à travers ses questionnements existentiels, ses désirs inassouvis, ses interrogations sur le sens de sa vie et de sa foi.
Au récit quotidien qu'il fait de son expérience se noue très rapidement un dialogue amoureux qui se révèle assez puissant pour le faire douter du bien-fondé de son affectation et, peut-être, renoncer d'aller au terme de son contrat...
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Entre le dit et l'écrit ; psychanalyse et écriture poétique
Joseph Attié
- Michele
- 15 Octobre 2015
- 9782815600217
Lacan dont les écrits et les séminaires sont intrinsèquement noués à la lettre, jouait de l'homophonie entre "l'être" et la "lettre".
Ainsi il écrivait en 1977 à François Cheng, après avoir reçu son livre L'Écriture poétique chinoise : "Je le dis : désormais, tout langage analytique doit être poétique", et répondra "Vous allez donc être le premier analyste-poète" à la demande d'analyse didactique de Joseph Attié. Lacan ouvrait ainsi une question entre parole et écriture qui ne lâcha pas celui qui fut son analysant.
Si la lettre est au principe de la psychanalyse et de la poésie, il y a cependant entre l'écriture de l'une et de l'autre, une fracture qui pose question.
Dès lors, la littérature analytique est au joint de la rigueur scientifique et de la poésie, tel est son enjeu.
En tant que psychanalyste Joseph Attié part du récit du rêve entre parole et écriture. Il ouvre ainsi un nouveau chemin à la voie royale du récit du rêve et poursuit sur le sentier de la parole poétique devenue écriture - celle de Mallarmé, Ponge, Dostoievski et Joyce. Il nous laisse voir comment le bien-dire du poète ne tient pas à la structure de l'inconscient transférentiel tissé de savoir mais à l'inconscient réel sans savoir. C'est ce qui permet au poète de devancer l'analyste, comme nous l'a appris Lacan, puisqu'il avance, lui, sans le savoir inconscient.
Ainsi Joseph Attié questionne-t-il poètes et écrivains dans le fil du symptôme et de la sublimation, et se demande si l'oral mène à l'écrit ou l'écrit à l'oral. Il reporte sa question au niveau du discours, dans ce qui de la parole est entendue sur le divan. Que véhiculent les mots, d'amour, de mort, de savoir et de jouissance entre divan et page blanche, là où la lettre attend le poète ?
Pratique analytique et poésie relèvent toutes deux de l'indicible, et ce livre l'éclaire d'une nouvelle lumière.
Cet ouvrage s'inscrit dans le fil de cette question même, comme un bonheur de lecture d'un analyste-poète.
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Les entretiens de Brive ; écrire pour vivre
Philippe Bouret, Elise Clément
- Michele
- 29 Octobre 2015
- 9782815600224
Pour ce premier millésime, Les Entretiens de Brive regroupent un collectif d'intellectuels, d'artistes, de figures incontournables de la plume, du cinéma, des arts, tous témoins et acteurs engagés de la vie culturelle et de leur vie. Dans le sillage des psychanalystes Philippe Bouret, Elise Clément, et d'autres, des entretiens exceptionnels, et inédits conduits dans le cadre enchanteur de la Foire du Livre de Brive.
Benoît Jacquot (cinéaste); Maria de Medeiros (comédienne, actrice et réalisatrice); François Regnault ( dramaturge et philosophe); Alain Rey (lexicographe et écrivain); Marc Pautrel (romancier); Marie Gaston (poétesse et romancière); Grichka Bogdanoff (sur ses relations avec Lacan et Roland Barthes) seront rejoints par d'autres personnalités pour ce livre passionnant d'entretiens.
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Il existe une "cause dernière de toute activité", opaque, silencieuse et obstinée que Freud nomme dès le début de ses recherches pulsion. Par cette volonté, cette puissance, le petit d'homme fait face à l'urgence de la vie : C'est sa détresse originaire qui le pousse. A travers les expériences primordiales de satisfaction et de souffrance, l'infans fraye des voies qui seront celles de la répétition.
Tout ceci, Freud l'affirme dès 1895, dans L'Esquisse. Ces traces et ces frayages s'inscrivent, au joint de l'appareil psychique et du corps, dans les relations qui se nouent entre le nourrisson et son prochain secourable. C'est dans cette dépendance vitale que se trouvent préfigurés tous les apports ultérieurs à l'autre : les affects d'amour et de haine comme les principes moraux.
Ce que Freud envisage ainsi, c'est ce que Lacan nommera tardivement jouissance. Cet ouvrage collectif, résultant d'un séminaire d'étude de l'Ecole de la Cause freudienne, se propose d'étudier ainsi la jouissance chez Freud.
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Vie éprise de parole ; fragments de vie et actes de parole
Philippe Lacadée
- Michele
- Je Est Un Autre
- 3 Janvier 2013
- 9782815600101
Ce livre propose une critique de la réduction du langage à la simple communication et du postulat de celle-ci qui, au nom d'un parler vrai, prétend dire ce qu'il en serait du réel. Vie éprise de parole cherche à faire valoir le pouvoir d'évocation ou d'invocation de la langue. Qu'est-ce que parler veut dire ? Y a-t-il un apprentissage de la langue ? Que nous apprennent Les Mots de Jean-Paul Sartre ou les Variations sauvages de la pianiste Hélène Grimaud ? Quelles sont pour les enfants et les adolescents les répercussions de l'envahissement des objets gadgets dans leur rapport au langage et à la présence de l'Autre ? Plutôt que d'être nostalgique, comment faut-il savoir y faire avec cette modernité ironique qui met en question le savoir de l'Autre ?
Il s'agira de trouver comment dire à la fois oui et non aux usages immodérés de ces objets gadgets et de proposer un nouvel éclairage de l'usage fréquent des insultes dans le discours courant. Jacques Lacan faisait de l'insulte le début de la grande poésie, ouvrant une voie que ce livre cherche à explorer. Des divers fragments de vie présentés ici comme des témoignages de cures analytiques, ou des récits de vie extraits de publications, nous pouvons déduire qu'au XXIe siècle, malgré un certain désordre du symbolique, la langue reste vivante pour autant qu'à chaque instant le sujet la crée.
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Cet ouvrage rassemble, sous une même couverture et un même titre la trace écrite de deux séminaires: « Leçons de Chose » et « Ethique et pulsion ». Le premier a pour objet le concept de pulsion, mis au premier plan de son appareil théorique par Freud, remanié par lui au fil de ses travaux et des exigences de la pratique, puis repris par Lacan. Le second interroge l'usage actuel du concept de pulsion à partir des transformations de celle-ci dans l'expérience de la cure. Depuis que le terme avait été employé par Freud dans ses premières élaborations sur la vie psychique, la question apparaissait, toujours aussi vive, de savoir comment pulsion et langage pouvait s'articuler, comment la satisfaction de la première pouvait être nouée aux nécessités du lien social et au souci de l'autre. Il s'avérait donc bien venu d'interroger le rapport de la pulsion à ce que peut être une éthique qui tienne compte d'elle. Une telle éthique résultant de l'expérience analytique est actuelle et nécessaire : ce que Freud appelait « le malaise dans la civilisation » a pris une forme paroxystique qui rend urgent de repenser à nouveaux frais ce que peut être un style de vie pour les temps à venir. Philippe De Georges soutiendra ici que la psychanalyse est plus que jamais d'actualité.
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Le narrateur présente l'expérience de sa compagne, entre l'amour et la mort.
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Par-delà le vrai et le faux ; vérité, réalité et réel en psychanalyse
Philippe de Georges
- Michele
- 17 Octobre 2013
- 9782815600132
La vérité est un souci ancien, profond et persistant qui n'épargne pas la psychanalyse. Celle-ci invite au contraire au courage de sa mise au jour, contre la pente de tout un chacun à ne rien vouloir savoir de ce qui lui est le plus propre et le plus intime. Les hommes refoulent, démentent ou rejettent en effet cette part secrète qui pourtant les anime, mais qui revêt une charge de scandale, source de honte ou de culpabilité, qui la rend inavouable.
Freud faisait de l'amour de la vérité la condition nécessaire et le ressort de l'analyse. Il l'identifiait alors à l'acceptation de la réalité et à sa pleine prise en compte. Réalité est donc le terme qui se trouve d'abord couplé à vérité, jusqu'à ce que Lacan dénonce cette notion chère aux savants, comme prêt-à-porter de l'imaginaire.
Pour lui, c'est bien de vérité qu'il s'agit, dans l'expérience analytique, celle-ci portant sur le plus singulier de la jouissance de chacun. Il mettra cependant en valeur ce à quoi Freud avait été de plus en plus sensible : les limites de la possibilité de dire. Il s'avère en effet que si la vérité ne peut que se mi-dire, l'effort pour exprimer le plus intime de soi bute sur une impossibilité de structure. Celle-ci concerne précisément ce qui est le plus vif pour les êtres parlants : leur rapport au sexe et à la mort.
C'est cette part hors de portée de la parole que Lacan nommera réel, donnant à ce mot usuel un autre sens que celui qu'il revêt pour la science. Loin d'être en effet le champ auquel devraient devoir s'étendre les progrès de la connaissance, le réel apparaît dans l'analyse comme ce devant quoi défaille tout effort de représentation.
Vérité, réalité et réel sont donc les mots clés de ce livre qui regroupe exposés, travaux et conférences dont l'expérience analytique est la référence permanente. -